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Libération
Billet

Pierre Niney : Pitié !

Pierre Niney le bienveillant (dans «Un homme idéal») (Photo Jessica Forde)
publié le 17 mars 2015 à 17h46

La double actualité de Pierre Niney, entre la sortie cette semaine d’un nouveau film, l’Homme idéal, et l’annonce de son départ de la Comédie-Française, a redonné l’occasion à la jeune star de s’exprimer sur la notion de «bienveillance», déjà développée sur la scène des césars au moment de recevoir son trophée de meilleur acteur pour sa prestation dans Yves Saint Laurent, de Jalil Lespert. Après avoir rendu l’hommage d’usage du vainqueur aux vaincus (on rêverait pourtant de voir un jour le récipiendaire d’un prix monter sur l’estrade pour décréter qu’il l’a mérité ô combien plus que les autres), il a notamment fait signe à Gaspard Ulliel, interprète du même rôle dans un film de Bertrand Bonello, pointant du doigt «tous ceux qui ont voulu commenter, simplifier, opposer, mettre en compétition à tout prix» les deux biopics.

Bienveillants contre malveillants donc, qui pourraient chacun se placer sur une estrade en face à face sur le modèle du clip des Enfoirés 2015 – et, peut-être, se jeter des marques d'empathie à la figure. Bienveillance comme «pierre angulaire de la création» (Niney sur Canal +) ou encore «le bienveillant n'a rien à prouver, rien à vendre» (l'animateur Augustin Trapenard sur France Inter, recevant Niney, qui n'en avait pourtant pas moins un film à refourguer), quelque chose semble vouloir émerger qui serait comme l'antidote aux éternels pessimistes, grincheux, casseurs d'ambiance ou pisse-vinaigre professionnels (la critique ?). Sans doute influencé par le vibrant discours de Xavier Dolan à la jeune génération - «Je pense que tout est possible à qui rêve, ose, travaille et n'abandonne jamais» -, Céline Dion et son prof de yoga, Niney s'est ainsi transformé en prophète d'une notion pour le moins fourre-tout, qui a vite fait de sonner dans sa bouche bien faite comme un synonyme de «complaisance» ou de «fadeur» (au mieux) - en tout cas, pour peu que l'on ne soit pas soi-même 100% organiquement bienveillant. Suivons donc le mouvement, remisons tout scepticisme et jurons que ce n'est pas la malveillance qui nous étouffe à l'heure de cliquer sur ce mail qui vient de nous parvenir, intitulé, en lettres capitales : «PATRICK BRUEL : SON CONCERT SYMPHONIQUE RETRANSMIS DANS PLUS DE 200 CINÉMAS.»