Des nouvelles d'Arnold Schwarzenegger, pour qui en réclamerait : avant la sortie cet été de Terminator: Genisys, la bande-annonce de Maggie a suscité l'émoi. Difficile de ne pas céder à la curiosité devant ces timides premiers pas de l'ex-gouverneur de Californie dans le cinéma indé, a fortiori dans un zombie drama réalisé par un jeune inconnu.
Maggie s'attache à opérer la jonction entre deux genres a priori incompatibles, la balade élégiaque inspirée des Moissons du ciel, de Terrence Malick (1978) et la SF post-apocalyptique façon 28 Jours plus tard, de Danny Boyle (2002). La planète est rongée par un virus mortel qui dénature ses victimes en créatures écumantes et frénétiques. Maggie (Abigail Breslin), une adolescente, fille du fermier Wade (Schwarzie), a été mordue et se sait condamnée par cette épidémie qui gangrène peu à peu son corps, pourrissant à partir des extrémités. L'ex-culturiste reconverti en patriarche opte alors pour l'euthanasie à domicile plutôt que le cannibalisme entre victimes mort-vivantes dans un hôpital surpeuplé.
Tourné à La Nouvelle-Orléans, ce premier long métrage du jeune Britannique Henry Hobson, créateur de génériques et de graphismes pour les oscars, tient lieu, suppose-t-on, de mise à l'épreuve préalable à la réalisation de franchises de super-héros, comme le suggère l'école des Josh Trank et autres Matt Reeves. En 2004, l'Armée des morts, de Zack Snyder, étrillait le consumérisme en filant la métaphore sociétale ; ici, c'est le thème de l'adolescence, dont Maggie capte la mue monstrueuse. Obéissant aux codes du genre (scènes d'automutilation…), le cinéaste sacrifie aux griseries de l'entertainment un regard qu'il rêve contemplatif, au milieu duquel trône la vieille carcasse du Gouvernator, silhouette lasse de colosse et fascinant vestige dans ce monde en ruines.