L'actrice italienne Laura Antonelli a été retrouvée morte dans son appartement de Ladispoli, à 40 kilomètres de Rome. Celle qui avait été une des bombes sexuelles du cinéma des années 70 et pendant huit ans la compagne de Jean-Paul Belmondo était devenue une femme pieuse, solitaire et pauvre. Sa vie s'est cassée en deux après la rupture avec Belmondo en 1980 et surtout une interpellation policière en 1991, les flics découvrant 36 grammes de cocaïne dans sa villa de Cerveteri. Elle est alors condamnée à trois ans et demi de prison pour trafic de drogue puis est innocentée en appel six ans plus tard, la cour estimant que la coke était uniquement à usage personnel. Délaissée, elle se fait refaire le visage et furieuse du résultat, traîne le chirurgien en justice mais aussi les producteurs d'un film, Malicia 2000, qui lui aurait demandé d'atténuer les effets de l'âge avant de s'offrir à nouveaux aux caméras. On la décrit folle, hurlant sur les journalistes qui cherchent à la contacter, elle finit en hôpital psychiatrique.
En pleine vogue de la comédie érotique
Elle est née à Pola en novembre 1941, dans une région qui est annexée à la Yougoslavie à l'avènement de Tito. Pendant plusieurs années, la famille est baladée dans différents camps de réfugiés avant de pouvoir en 1948 enfin s'installer en Italie, à Naples. Laura et son frère Claude sont des élèves brillants, lui devient prof d'université et elle enseigne l'éducation physique. Des producteurs de télé la remarquent et lui donnent un rôle dans un feuilleton télé, Carosello, puis elle tourne avec Vincent Price dans une parodie de James Bond signé Mario Bava, l'Espion qui venait du surgelé. La vogue de la comédie érotique offre à la jeune femme de nombreuses occasions d'exhiber sa plastique parfaite, qu'il s'agisse du rôle de bonne sœur dévoyée dans Obsédé malgré lui de Lucio Fulci et surtout sa prestation en bonne à tout faire au charme ravageur dans Malicia de Salvatore Samperi qui cartonne en 1973, et transforme Laura Antonelli en véritable icône sexy chauffant le sang des millions de mâles italiens. Auparavant, elle a tourné en France avec Jean-Paul Rappeneau dans les Mariés de l'An 2, où elle partage l'affiche avec Jean Paul Belmondo qu'elle retrouve pour Docteur Popaul. La presse en 1972 se fait écho de la liaison entre Belmondo et Antonelli. Elle divorce d'un premier mariage mais elle ne se mariera jamais avec l'acteur, ils n'auront pas d'enfant et ne feront jamais véritablement toit commun. Lui est basé entre les tournages dans une résidence dans le Val de Marne, elle habite Rome. Ils passent leurs vacances ensemble et se rejoignent parfois pour des week-ends en jet privé. En 1979, le couple discrètement se sépare d'un simple coup de fil, annulant les projets de retrouvailles estivales. La carrière de Laura Antonelli connaît une période relativement faste pendant une dizaine d'années suite au succès public et critique de Malicia. Elle tourne avec Dino Risi (Sexe fou), Luigi Comencini (Mon dieu, comment suis-je tombé si bas?), Maura Bologni (Black Journal), Luchino Visconti (L'innocent) et Ettore Scola (Passion d'amour).
«Laura Antonelli n'existe plus»
La descente aux enfers commence donc avec le projet de suite du succès Malicia avec le même réalisateur et la même actrice, dix-sept ans après l'original. Le film fut jugé «pathétique et embarrassant», et n'eut aucun succès. Les ennuis judiciaires, l'alcool, la drogue et la dépression précipitent Laura Antonelli dans la dèche.
Elle est placée sous tutelle, perçoit 1500 euros par mois. Obèse et méconnaissable, elle avait répondu à un journaliste qui l'avait appelé chez elle en 2003 : «Laura Antonelli n'existe plus». Entre prie-dieu et anxiolytiques, elle a encore tenu le choc pendant toutes ces années déclarant à Lino Banfi, un acteur qui ne l'avait pas vue pendant 22 ans : «Tu as vu comme la vie a été méchante avec moi?»