Jeune Anglaise d’origine pakistanaise, Laïla, apprentie dans un salon de coiffure, fuit le despotisme familial avec Aaron, son petit ami. Tous deux se sont repliés dans une caravane parquée en lisière d’une bourgade ouvrière où les habitants semblent en permanence sous codéine. Traqués par des hommes de main mandatés par l’autorité paternelle, les deux amants prennent la route en catimini, la nuit venue.
Ce premier thriller atmosphérique du clippeur britannique Daniel Wolfe (collaborateur de The Horrors, The Shoes, etc.), coécrit en duo avec son frère Matthew, s'inspire d'un fait divers, précisément un «crime d'honneur» familial, rapporté dans la presse ces dernières années. Le cinéaste s'aventure à pas de loup dans le film de genre, bien entouré : une scène de danse a même été chorégraphiée par l'artiste FKA Twigs et la BO est émaillée de titres de Nicki Minaj. Une standing ovation en mai à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes a chaudement accueilli cette chasse à l'homme dans les landes du Yorkshire, trouble relecture de Roméo et Juliette sous forme de «western moderne», selon les mots du réalisateur. Proie engourdie de ce survival nocturne aux accents fluorescents, la jeune Sameena Jabeen Ahmed, coach sportive à Manchester dans le civil, fait ici des débuts prometteurs. Daniel Wolfe entend, lui, s'imposer à la faveur de ce premier essai dans l'affirmation d'un style qui, se voulant âpre et nerveux, se contente de transposer trop littéralement la grammaire du clip au film noir. L'insoutenable dénouement du film, abrupt et déceptif, achève de laisser un peu perplexe.