«Ne répondez jamais à la presse. Utilisez-toujours un préservatif.» Coqueluche à 34 ans de la nouvelle comédie américaine, Amy Schumer est la dernière d'une cohorte de performeuses bruyantes adeptes du rentre-dedans (Lena Dunham dans Girls, Ilana Glazer et Abbi Jacobson dans Broad City). Après avoir longtemps pâti d'une image vulgaire dans des spectacles de stand-up où elle jouait l'idiote excitée, frivole et âpre au gain, elle bénéficie désormais d'une crédibilité indé. Sa collaboration avec Judd Apatow, qui lui a demandé d'écrire et d'interpréter Crazy Amy entérine ce récent succès. Le cinéaste comble ainsi le déficit paritaire de ses bromances (films d'amitié virile) où ses personnages féminins avaient rarement la fibre comique. Il a ainsi donné carte blanche à Schumer, qui se dépeint en prétendante récalcitrante et inverse les codes traditionnels de la comédie romantique. Coécrit avec sa sœur, Kim, ce rôle de bitch dépravée marque aussi l'avènement au cinéma de la «ladyjerk» , équivalent féminin du connard, même si la fin du film tend hélas davantage vers la réécriture de la Mégère apprivoisée.
Boute-en-train, née dans une famille divorcée de Long Island «sans aucune barrière», elle a exercé divers petits boulots, comme conductrice de pédicab, avant de se tourner vers la scène. Depuis 2013, la comédienne anime sa propre émission potache sur la chaîne Comedy Central, Inside Amy Schumer (littéralement «à l'intérieur de…») composée de courts sketchs où elle se met en scène, par exemple, affublée de trois anus, ou bien s'accouplant avec un soupirant égaré dans son vagin. Paillardes et régressives, ces vidéos virales ont récemment relayé les doléances d'une partie de l'industrie sur le vieillissement ou l'assignation à la beauté. Certains épisodes évoquent ainsi «le dernier jour baisable d'une actrice» et les inégalités salariales à Hollywood. Féministe engagée, favorable au contrôle des armes à feu, la nièce du sénateur démocrate Chuck Schumer a toutefois été critiquée pour son peu de sensibilité aux questions raciales (elle a depuis présenté son mea culpa).
Depuis, Amy Schumer continue de caracoler avec insolence parmi les figures les plus désirables de Hollywood. Une couverture du magazine GQ la montre même en princesse Leïa, suçotant le doigt du robot de Star Wars C-3PO. Consécration, après avoir signé un contrat d’édition de 8 millions de dollars (environ 7,5 millions d’euros), elle écrit actuellement à quatre mains une comédie avec Jennifer Lawrence.