En cadeau de Noël, on aimerait mettre dans une même pièce, pendant deux heures, Tariq Ramadan et Rocco Siffredi. Petite souris, on serait curieux d'écouter ce qu'ils ont à dire. Oh, ils se retrouveraient sûrement sur un ou deux points, les opposés ayant parfois des combats convergents. Sur l'école, en revanche, ils ne seraient pas du tout d'accord. L'islamologue s'en méfie. Il a peur qu'en Europe, on n'enseigne un peu n'importe quoi aux enfants. «Dans tout l'Occident, il y a une volonté de normaliser l'homosexualité dans l'enseignement», a-t-il dit lors d'une conférence donnée à Doha, au Qatar, le 19 décembre. Effectivement, il ne manquerait plus que les gamins n'aient pas honte de leur orientation sexuelle…

A l'inverse, l'ancienne figure emblématique du porno a lancé une pétition pour que soient donnés des cours d'éducation sexuelle. «En Italie, le sexe est encore tabou, alors que beaucoup auraient besoin d'en parler, de s'ouvrir, d'être écoutés et de recevoir des réponses», regrette Siffredi. L'acteur-réalisateur de 51 ans estime que «la pornographie devrait être un divertissement mais, faute d'alternative, c'est devenu un moyen d'apprentissage, surtout pour les jeunes». Il se sent légitime pour garantir aux bambini de la grande botte que ce qu'il fait «n'est pas de l'éducation sexuelle».

Sa proposition touche un point important. Au-delà de la question, parfois malheureusement véridique, de l’exploitation des femmes sur certains tournages, l’un des principaux arguments des antipornos est de dire que le X ne représente pas la réalité. Et qu’il influencerait ainsi de manière négative les adolescents. Mais rarement, en Italie ou ailleurs (on a entendu en France des cris d’orfraie lorsque Najat Vallaud-Belkacem a abordé la question), une alternative est proposée. Comme s’il n’y avait pas besoin d’en parler. Comme si les enfants, puis les adultes, avaient naturellement toutes les réponses à cette chose si compliquée qu’est la sexualité. Rocco Siffredi a raison, oui, il faut en parler. Ce n’est qu’en désacralisant cette question qu’on trouvera le chemin du plaisir, le respect des autres et celui des différences.