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«Tempête», un père et manques

Entre docu et fiction, Samuel Collardey filme le combat d’un marin pêcheur divorcé pour la garde de ses deux ados.

«Tempête», de Samuel Collardey. (Photo Ad Vitam)
Publié le 23/02/2016 à 17h41

Le plus intéressant dans Tempête, de Samuel Collardey, ce n'est pas tant ce qui se présente à nos yeux, mais ce qu'on n'entrevoit pas - et surtout, ce qui se devine de la fabrication du film. A la lecture du générique, on devine que les trois héros s'appellent Dominique Leborne, Matteo Leborne, Mailys Leborne. Soit un père et ses deux enfants, dont Samuel Collardey «adapte» les vies à l'écran. Il est marin pêcheur en haute mer, vit éloigné de ses proches plusieurs mois par an. Il est divorcé.

Tempête suit le parcours chaotique de cet homme pour conserver la garde des enfants. On voit celui qui est aguerri aux mers les plus violentes affronter les interrogatoires d'assistantes sociales puis la visite de l'une d'elles dans la chambre du fils dont le bazar, pourtant normal chez un ado, sonne comme un défaut de paternité. D'autres moments apparaissent encore plus durs, comme lorsque la fille, enceinte, doit avorter, le fœtus présentant un risque grave.

La scénariste Catherine Paillé a rencontré Dominique Leborne aux Sables-d'Olonne et a écrit le personnage d'après leurs conversations. Samuel Collardey, dont la filmographie oscille entre fiction et docu, a créé des scènes à partir de la vie de cette famille. Dans le dossier de presse, il évoque ainsi une conversation sur l'avortement thérapeutique de l'adolescente : «C'est moi qui l'ai provoquée et rendue possible. Mais après, elle leur appartient. […] J'ai demandé à Mailys de […] revenir devant la caméra sur cette blessure qui n'avait jamais été évoquée.» Le parti pris est fort et inattendu. Mais une certaine platitude (notamment visuelle) donne à ce pari scénaristico- documentaire un aspect mal assumé et l'empêche d'apparaître vraiment réussi.