Le réalisateur François Dupeyron est mort ce jeudi à l'âge de 65 ans. Il était notamment connu pour la Chambre des officiers, sorti en 2001, et Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, en 2003. Etudiant à l'IDHEC dans les années 70, il côtoie l'extrême-gauche, participe au collectif Cinélutte de 1973 à 1976. Au début des années 80, il commence à réaliser des courts-métrages, et fait sensation en 1988 avec son premier long: Drôle d'endroit pour une rencontre. Tourné sur une aire de repos d'autoroute, le film est assez frappant par son dispositif, suivant de manière théâtrale la rencontre entre Catherine Deneuve et Gérard Depardieu. Le film restera pour les dialogues entre les deux acteurs, que leurs filmographies respectives ont fait souvent se croiser, et les images de la comédienne, emmitouflée dans un manteau de fourrure.
Le cinéma de François Dupeyron était marqué par une veine sociale, ou du moins une volonté de mettre en lumière les origines de ses héros, la manière dont leur habitus façonnait leurs sentiments. Le chômage, la cité, la dureté du quotidien n'étaient jamais très loin. C'est ainsi qu'il s'intéresse au monde rural dans C'est la vie, les sans-papiers dans Inguélezi, et surtout l'un de ses films les plus célèbres, la Chambre des officiers, sur la première guerre mondiale. Adaptation du roman de Marc Dugain, en compétition à Cannes, le film plonge dans la vie des gueules cassées et connaît un succès public.
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La suite de la filmographie de François Dupeyron a parfois été moins heureuse, et c'est ainsi qu'il signe en 2003 Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran, adaptant un livre de l'écrivain médiatique Eric-Emmanuel Schmitt, avec la star Omar Sharif dans l'un de ses derniers premiers rôles.
Compagnon de l'actrice Dominique Faysse (qui a monté nombre de ses films), il était également écrivain, ayant publié cinq ouvrages au cours des années 2000. Franc-tireur, François Dupeyron se trouvait assez isolé dans le système de production du cinéma français. Après avoir connu des hauts et des bas, il ne trouvait que très peu de financements pour ses projets. Ainsi, à la sortie de son dernier long-métrage, Mon âme par toi guérie, en 2013, il avait adjoint au dossier de presse du film trois pages dans lesquelles il hurlait contre, comme Libé le cita à l'époque, «l'inculture des producteurs, indépendants ou pas, sous domination, voire dictature «soviétique» de la télé. Et de citer, gag à pleurer, le cas d'un «décideur» d'Arte que la mention du nom de Tarkovski fait fuir : "Non, Tarkovski, c'est pas possible."»