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Libération
Cliché

Road-trip sous un «Sky» de plomb

Aux Etats-Unis, Fabienne Berthaud filme la fuite de Diane Kruger à travers des tableaux bien ficelés mais strictement décoratifs.

«Sky», de Fabienne Berthaud. (Photo Haut et Court)
Publié le 05/04/2016 à 17h11

Le souci de l'Amérique, c'est moins le pays en tant que tel, que ce que certains en font, estimant que célébrer sa mythologie consiste à en enfiler les clichés. Dernier exemple en date, Sky, de Fabienne Berthaud, auteure de Frankie ou du remarqué Pieds nus sur les limaces, adapté de son propre roman. Romy (Diane Kruger) est en vacances avec son mari (Gilles Lellouche) aux Etats-Unis. Ils conduisent toute la journée, lui s'enivre dans les bars, le couple est au bord de la rupture. Un soir, au cours d'une très violente dispute dans un motel, elle le frappe, le laisse pour mort et prend la fuite. Elle erre sur les routes désertiques, atterrit à Las Vegas, puis dans une campagne peuplée de rednecks à la frontière mexicaine… Ce Thelma & Louise au singulier est une succession de tableaux. Alors, oui, c'est très joli de voir le soleil briller sur un goudron qui fond, d'observer ces non-lieux qui pullulent aux Etats-Unis. Tout transpire de références à la photographie de la seconde moitié du XXsiècle, aux Stephen Shore, William Eggleston, Robert Frank ou Nan Goldin. Mais, entre les compositions (plutôt bien) ficelées par la chef op Nathalie Durand, on se demande où est passé le cinéma là-dedans. Les rencontres défilent : la prostituée au cœur tendre, le flic bourru mais bienveillant, la jeune mère de famille qui vit dans une caravane. Autant de personnages de passage, inspirés par ces figures qu'on peut croiser sur les routes américaines. Mais le film ne dessine pas plus leurs contours qu'il ne le fait de son héroïne, dont jamais ne naît vraiment l'envie de l'accompagner, de suivre les méandres de sa fuite, le pari du road-movie n'étant jamais tenu.