Ereinté, hué même, au dernier Festival de Cannes, la Forêt des songes (ou the Sea of Trees en VO) avait fâché tout rouge les supporteurs les plus fervents du cinéaste de Portland par son classicisme new age. Après une sortie repoussée de plusieurs mois pour mieux dissiper la vindicte cannoise, le film de Gus Van Sant a même été rebaptisé d’un mièvre Nos Souvenirs.
Tente. Le quadra américain Arthur Brennan (Matthew McConaughey, fripé), s'échoue dans une forêt japonaise du mont Fuji baptisée Aokigahara, lieu de pèlerinage pour candidats très motivés au suicide. Hébété et à deux doigts du seppuku, il croise dans les sous-bois un businessman japonais lui aussi passablement délabré (Ken Watanabe). La cohabitation champêtre de ces deux mâles blessés se mue en survival confessionnel sous la tente. Pour mieux préserver le suspense, l'ensemble est entrecoupé de flash-back pesants visant à éclaircir le sort de l'épouse restée aux Etats-Unis : Matthew McConaughey et Naomi Watts y forment un couple désuni, l'un universitaire raté, l'autre alcoolique atteinte d'un cancer.
Agonie. Ce récit surécrit - jusqu'à un retournement final gênant - est pourtant un scénario signé Chris Sparling, dûment repéré sur la Black List, classement annuel hollywoodien des projets les plus prometteurs. L'émulsion reste bancale tant l'agonie arcadienne semble suspendue aux interruptions constantes par des épisodes convenus de drame conjugal. Cette errance mortifère, filandreuse et désincarnée constitue dans la filmographie de Gus Van Sant, qu'on a connu plus inspiré, un contrepoint décevant à la pulsion de mort élégiaque d'un Gerry autrement hanté.