Vincent Maraval, 47 ans et des shots, patron de la major indépendante Wild Bunch.
Comment ça va ?
Pas mal. A part qu'on est exsangue, comme tout distributeur indépendant. Y a une excitation. On est toujours excités de montrer des films qu'on a gardés pour nous depuis deux ans. Donc, pas mal. Mais ça allait mieux avant de croiser votre consœur du Monde.
D’où tu sors ?
Comme tout le monde. De mon trou : Albi. Mon père était projectionniste. Aimer le cinéma, lire des articles, voir sept fois par semaine le même film de John Ford ou Howard Hawks. Maintenant, même âge, même trou, t’es un gosse, en boucle, tu regardes Hanouna, pfff…
Qu’est-ce que tu fous là ?
Je viens vendre des films. Mais, perso, j’ai qu’une envie : m’amuser, picoler. Jouer, surtout.
Tu prends quoi ?
Alcool, à bloc. A 13 ou 14 heures, j'attaque au rosé à la Potinière [pizza au feu de bois, cuisine de Provence], j'y suis tous les jours. Parfois une poire-poire. Sinon, malgré la réputation, pas grand-chose, désolé. J'adorerais vous dire que je me drogue. A une époque, j'ai pris du Guronzan. Mais ça me donne de la tachycardie, j'ai arrêté net.
T’as pas peur ?
L’an dernier, on s’est fait détruire un de nos films en petits morceaux, ça arrive. C’est tellement excitant. Et Cannes, ça change pas tant la donne que ça. Pas comme y a dix ans, quand c’était pouce levé ou baissé. Maintenant y a Internet, tout ça…
T’as pas honte ?
Si, beaucoup. Demain vous allez voir le Guiraudie, j’aurai honte, mais alors à fond, avec jouissance. J’irai le voir au balcon avec les Cannois, je veux voir leur tête pendant la dernière demi-heure.
T’en as pas marre ?
Non. J’adore. J’adore me disputer. Si on peut pas se friter, pourquoi on est là ? Champagne pour tout le monde.
T’as rencard ?
Même pas. Enfin si, avec ma femme. Je suis un mec du sud.