Pour la sortie en version 4K de Belladonna, Libé a pu interroger par mail son réalisateur, Eiichi Yamamoto, 75 ans. Dans une longue réponse, le cinéaste s'attarde sur sa carrière au sein de Mushi Production et explique comment il s'est affranchi du style du fondateur du studio, le légendaire Osamu Tezuka. Il se défend aussi d'avoir voulu faire un film féministe tout en assumant lui-même être féministe. Il parle de son goût pour l'expérimentation et s'attarde sur l'état actuel de l'animation japonaise. Extrait.
Pensez-vous que l’érotisme de Belladonna ait pu nuire à la réception du film en 1973?
«Peut-être suis-je allé trop loin. Lorsque j'ai demandé au scénariste Yoshiyuki Fukuda d'écrire l'histoire d'un amour pur et pornographique, il a été très surpris et m'a dit que ces thèmes étaient contradictoires. Au contraire, j'étais convaincu que le côté pornographique subtil et tranchant mettait en relief l'histoire. A un moment, le distributeur japonais du film m'a convaincu que des lycéennes iraient voir mon film et j'ai fait une version dépourvue de scènes de sexe. Mais c'était comme une bière sans bulles. Et je suis vite revenu à la version originelle. Finalement, le comité de censure et la police ont autorisé cette version finale du film sans rien dire, alors qu'elles m'avaient fait couper quelques scènes dans les Mille et Une Nuits et Cléopâtre. A ce jour, je ne vois toujours pas où se trouve la différence entre ces films.»
Recueilli par M.C.