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Le cinéma (américain) est-il (encore) mort ?

La question est cyclique et cette fois, pour y répondre, c'est le magazine américain «The Atlantic» qui s'y colle.
Toby Kebbell et Jack Huston dans «Ben-Hur», de Timur Bekmanbetov. (Photo Paramount. MGM. Inc)
publié le 6 octobre 2016 à 17h21

Que les pythies les plus alarmistes se rassurent, le cinéma n'est pas mort en 2016, contrairement aux cris d'orfraie poussés outre-Atlantique par certaines publications: «Un jour nous nous rendrons peut-être compte que le cinéma est mort en 2016», s'inquiétait ainsi  le Boston Globe le mois dernier. «Sans être mélodramatiques, les films tels que nous les connaissons sont morts», ajoutait le Huffington Post. Une désaffection imputable aux studios trop frileux, au téléchargement, à la télévision, à la VOD ou au «sequels» produits à la chaîne (voire, pourquoi pas, au dernier Xavier Dolan), c'est selon.

The Atlantic rappelle surtout que le box-office estival, indicateur assez parlant de la santé de l'industrie, a été calamiteux en 2016 : des sorties a priori fiables et attendues aux Etats-Unis comme Alice de l'autre côté du miroir ou Independence Day: Resurgence ont fait un bide, tout comme Ben-Hur qui enregistre le plus gros flop de l'été. «Même des hits comme Jason Bourne, X-Men: Apocalypse et Suicide Squad ont été ridiculisés par la presse», analyse le magazine.

Dans ce marasme, Disney a sauvé sa peau 

Le souci résiderait donc dans les choix aberrants de certains gros studios comme Paramount, qui perd déjà de l'argent avec Monster cars, un film qui n'est même pas encore sorti (Slate raconte les détails croustillants de l'affaire ici). Même «le marché chinois, une aubaine supposée pour le box-office hollywoodien ces dernières années, semble se tarir face à une industrie locale qui se fortifie. Rien, en 2016, ne ressemble aux chiffres de précédents hits internationaux comme Fast & Furious 7 ou Transformers 4 : l'âge de l'extinction.» Seul Disney semble avoir sauvé sa peau dans le marasme (merci Doryle Livre de la jungle et surtout, merci Marvel).

Autre éclaircie relevée par le magazine, «cet été, les studios ont du composer avec le succès de petits budgets originaux» : un mal pour un bien, donc, puisque des ovnis indés en ont profité pour tirer leur épingle du jeu, comme Sausage party (sortie chez nous en novembre), une comédie animée avec Seth Rogen sur des saucisses dont la rumeur festivalière dit le plus grand bien. De son côté, le studio indépendant A24 a misé, à raison, sur le bouche-à-oreille pour la sortie de the Witch. Et contre toute attente, souligne the Atlantic, Amazon, présenté en ogre par l'industrie, a sorti en salles Love & friendship, belle adaptation de Jane Austen par Whit Stillman et plus net succès de la carrière de son auteur.

Bref, «le débat sur la mort des films est avant tout une question de prise de conscience. (...) Le cinéma fait ce qu'il a toujours fait - trouver une manière de s'adapter, de survivre et de servir un nouveau public», conclut l'article, philosophe. Sinon, en France, Dany Boon va bien, merci (en seulement une semaine, Radin ! a déjà passé la barre du million d'entrées).