Lors d'une projection de Snowden organisée en septembre à la bibliothèque publique de Brooklyn en présence d'Oliver Stone, un spectateur demandait au cinéaste : «Est-ce une histoire vraie ?» Réponse-pirouette : «Il n'y a qu'à demander une déclaration à la NSA !» C'est toute l'ambiguïté d'un biopic hollywoodien appuyé sur une histoire encore en train de s'écrire, en grande partie documentée, mais dont le principal protagoniste, inculpé pour espionnage aux Etats-Unis et réfugié en Russie, n'a évidemment pas livré tous les détails. De Genève à Hongkong en passant par le Japon, Snowden joue à plein l'effet de réel. Les références aux programmes de surveillance de l'agence américaine révélés depuis trois ans sont légion. Pour autant, le nom de son recruteur à la CIA dans le film, Corbin O'Brian, est une référence transparente à l'agent de la Police de la Pensée dans le 1984 d'Orwell. Et le Rubik's Cube qui, dans Snowden, permet au lanceur d'alerte d'exfiltrer les documents en y cachant une carte SD pointe à lui seul l'enchevêtrement entre le factuel et le fictif. Le whistleblower n'a jamais révélé comment il s'y était pris. C'est lui qui cependant a suggéré l'idée du cube ludique à Stone. Qui l'a trouvée excellente.
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