On peut sans exagération affirmer que Douglas Trumbull est à l’origine des plus beaux effets spéciaux de l’histoire du cinéma, à commencer par ceux de 2001, l’Odyssée de l’espace. Cinquante ans après sa sortie, ils conservent le même pouvoir hypnotique. Trois boules de lumière sur une autoroute déserte, une voiture volante déambulant dans une ville futuriste, un couloir de lumières multicolores : Trumbull reste associé à des images d’une poésie extrême qui ont influencé tout le cinéma, de Lars von Trier (Melancholia) à Scott Derrickson (Doctor Strange). Trumbull, avec Dennis Muren, Richard Edlund et John Dykstra, appartient à une génération de «l’avant-numérique», qui devait composer avec du «dur», et des effets visuels où tout devait être soigneusement pensé à l’avance : axes de la caméra, éclairage, choix des proportions, des matériaux et des échelles. Le moindre plan coûtait très cher, et le chemin des effets spéciaux optiques des années 70-80, des «prévisualisations» à l’étalonnage, était parfois un processus long et pénible.
Le travail visuel de Douglas Trumbull est à la croisée des chemins entre l’art, la science et l’artisanat : à l’heure de l’absence totale de limites offerte par les effets spéciaux numériques, son regard nous prouve qu’il faut savoir choisir, ordonner et construire les effets spéciaux dans une logique de cinéma, pas comme un «son et lumière» détaché du récit. Cinéaste passionnant, il a tout du chercheur. Son Showscan, procédé de