Découvert à Cannes, ce dessin animé sonore mais muet a été l'un des enchantements lumineux de l'année. Signé d'un discret réalisateur sexagénaire adepte des voyages en Asie et de la culture zen, Michael Dudok de Wit, produit par le Studio Ghibli, la Tortue rouge se déroule sur une île déserte sous le soleil éclaboussant de quelque zone tropicale imaginaire où coexisterait, en pure fantaisie naturaliste, le sable et les forêts de bambous. Le seul rescapé d'un naufrage refait sa vie là, tout en ne se prenant jamais pour Robinson. De Wit est un genre de Terrence Malick lo-fi, tout ici est de l'ordre du sensoriel, des émotions elliptiques. On voit passer des existences entières entre les deux eaux contraires de l'euphorie et de l'abandon. Une édition spéciale rassemble le film, la bande originale et surtout un recueil comprenant les travaux préparatoires (dessins et couleurs) du dessin animé, attestant s'il était besoin de l'énorme travail, souvent solitaire, du cinéaste, lequel nous disait lorsqu'on l'avait rencontré avant la sortie en salle du film : «J'ai beaucoup tâtonné, jeté, recyclé. Je voulais une qualité de silence, de pureté, un film contemplatif, mais sans perdre l'attention du public.»
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