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Libération
Critique

Vite vu

publié le 11 juillet 2017 à 20h06

Le malickophile encore croyant - des légendes urbaines prétendent qu’il en resterait quelques-uns tapis dans les plis - pouvait espérer de cette plongée de son gourou dans l’archipel contre-culturel de SXSW, la grand-messe musicale d’Austin. Même lui, pourtant, devrait se sentir trahi par cette interminable macédoine de séquences à la steadycam où apparaissent effectivement subrepticement - jamais plus de sept secondes d’affilée - foules de concert, Patti Smith avec les cheveux sales et Red Hot Chili Peppers en singes savants. L’accumulation de galipettes sur la plage, d’errances dans des lofts vides et de poncifs faustiens sur le monde du rock ne fait aboutir l’œil qu’à une conclusion : Austin la rebelle et le monde du rock sont le pire des décors possibles pour Terrence Malick, qui s’embourbe plus profondément que jamais dans l’inanité. O.L.

Il y avait dix ans qu'Emir Kusturica n'avait pas commis de long métrage de fiction, trop occupé à traquer Maradona pour se filmer en train de lui faire la passe, à faire le tour du monde des scènes de festival accordéon-friendly avec son No Smoking Orchestra ou à chanter les louanges du nationalisme serbe et de Vladimir Poutine («Un homme honnête et un type bien», assurait-il encore il y a quelques jours au JDD). Le nouveau film du cinéaste deux fois palmé d'or condense à peu près tous les nœuds problématiques de ses divers hobbys de la décennie passée (le narcissisme topless, la pétarade de fanfare pompière, les petits arrangements avec l'histoire) dans une tapageuse épopée romantique sur fond de conflit balkanique, surjouant l'exubérance plus grasse que la vie pour entraîner Monica Bellucci dans la caricature au carré de tout ce que l'on peut attendre encore de ce cinéma sous respiration artificielle. J.G.