Défaits aux élections ou en reconversion volontaire, de nombreux politiques débarquent dans les médias lors de cette rentrée. A droite, l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin devient chroniqueur dans l'émission de Laurent Delahousse 19 Heures le dimanche sur France 2. Henri Guaino, ex-plume de Sarkozy et candidat malheureux aux législatives, rejoint, lui, la matinale de Sud Radio pour un édito quotidien. Chez les socialistes, l'ancienne ministre de la Culture Aurélie Filippetti et l'ex-conseiller en communication de Hollande Gaspard Gantzer rejoignent le groupe de «polémistes» de l'émission On refait le monde, sur RTL. Battu aux législatives mais pas décidé à renoncer à la politique, l'ex-député PS Eduardo Rihan Cypel va pondre un «billet quotidien sur les choses de la vie et du monde» sur Radio Nova. Julien Dray, actuel porte-parole du PS, va intervenir - sans être rémunéré, a-t-il précisé - dans une émission politique de LCI. Raquel Garrido, porte-parole de La France insoumise, mouvement titillé par le «dégagisme» envers les médias, devient chroniqueuse hebdomadaire dans l'émission de Thierry Ardisson sur C8. Et puisque la tendance n'épargne personne, côté FN, c'est Jean Messiha, le «monsieur programme» de Marine Le Pen, qui débarque sur Europe 1 dans l'émission Hondelatte raconte.
De là à être considérés comme des journalistes comme les autres et pouvoir brandir leur carte de presse ? La Commission de la carte d'identité des journalistes professionnels (CCIJP) qui la délivre s'assure que le candidat a bien exercé une profession journalistique lors des trois derniers mois, que celle-ci lui procure plus de la moitié de ses revenus et qu'il est bien embauché par une entreprise de presse. Reste ensuite à juger du caractère «journalistique» du travail. Le poste de chroniqueur, qu'occupent souvent les politiques, n'est «pas à proprement parler considéré comme journalistique mais c'est du cas par cas», explique la CCIJP, sans détailler plus précisément comment se font ces arbitrages. Impossible, donc, de dire au cas par cas qui des politiques-chroniqueurs pourront l'obtenir mais, sur le principe, rien ne s'y oppose. Rappelons néanmoins que même sans carte de presse, les politiques pourront, comme tous journalistes, bénéficier de l'abattement fiscal annuel sur 7 650 euros de leurs revenus tirés de leurs piges médiatiques.