Comme des rois de Xabi Molia donne les larmes aux yeux : parce qu'il aurait pu être émouvant mais ne l'est pas, qu'il aurait pu sonner juste et sonne faux. On attend toujours tout d'un film, c'est peut-être fou ; au cinéma, chaque petite déception devient une grande trahison, qui fait réapparaître la salle éclairée en lieu et place du monde obscur.
Au lieu de suivre les aventures pleines d’embûches de Micka et de son père, Joseph, qui inventent au jour le jour des moyens de payer le loyer familial, de petits trafics en escroqueries ingénieuses, ou de se passionner en fin de compte pour le rêve du fils (monter à Paris devenir acteur), on reste là et on voit tout : les versions et réécritures du scénario, toute la machinerie conventionnelle imposée par moult réunions à un récit fait pour nous prendre ; les retouches de décor et les raccords de lumière, en l’absence d’une quelconque invention de l’espace ; les indications de jeu d’acteur, à la fine psychologie familialiste, données à Kad Merad et Kacey Mottet Klein pour installer entre eux le climat tourmenté de la filiation.
Le désir qu’a ce film de raconter une histoire sincère est constamment contrecarré par des forces conformistes qui n’ont même pas la saveur de l’artifice, mais l’atroce naturel de l’air qu’on respire, celui du faux réalisme apolitique, l’air de ceux qui rêvent de réussir dans la vie.
Côté paternel en lutte, on préférera Sparring de Samuel Jouy ; côté success story en milieu hostile, C'est tout pour moi de Nawell Madani, tous deux sortis ces derniers mois, qui contournaient un peu les diktats de la courbe de l'attention d'un public inventé de toutes pièces. Films français ! Le cynisme que vous avez parfois la chance de ne pas porter en vous-mêmes est tout autour : il vous cerne et il vous dévore, ouvrez les yeux, quittez le décor !