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Libération
Cannes 2018

Hors-service : cinquième jour

publié le 13 mai 2018 à 17h26

«En lisant tes articles, j'ai pensé que tu étais à Cannes» - voici la bravade lancée à la figure de Hors-Service de bon matin. Cela fait une semaine que les deux suzerains du fief Culture ont ligoté une de leurs (plus belles) recrues à Balard, forcée de cracher un pauvre feuillet par jour à l'aide de son front ruisselant de sueur coupée aux anxiolytiques. «En même temps, je ne les lis pas vraiment…» nous rassure-t-on. Il est de toute manière aisé de faire acte de présence n'importe où aujourd'hui, rien qu'en déroutant son GPS Tinder vers Cannes pour faire croire à Robert ou Beyoncé qu'on est là, même pas à 100 m («à la demande des survivants, les noms ont été ici changés» comme dit Fargo). Le profil de l'une de ces personnes affirme : «I'm generally straight acting, and into masculine guy» (nous ne comprenons pas bien l'anglais mais ça parle globalement de savoir filer droit et de spectacle vivant). A part ça, un proche collègue s'est servi de son congé paternité (so bad), laissant femme et enfant pour aller discrétos fondre en larmes face à Eddy et son Kid sur le plateau cannois d'On n'est pas couché, implorant le pardon pour un scud de trop jadis prononcé. JLG a, lui, donné une conf de presse en Facetime samedi from Rolle to Cannes en chantant «come on baby, do the loco-motion» à son chef op embarrassé Fabrice Aragno, puis ajoute : «X + 3 = 1, soit x = -2. Quand on fait une image, qu'elle soit du passé, du présent ou du futur, il faut, pour en trouver une troisième qui soit une vraie image, il faut en supprimer deux. C'est la clé du cinéma, mais quand on parle de la clé, il ne faut pas oublier la serrure.» Coincé entre deux images prêtes à être supprimées, du vrai Godard, qui n'est pas là.