Qui de nos journalistes viendra fanfaronner en résistant-restant au sortir du cinéphilique engraissement qu'est Cannes Festival ? Quelle confiance devrons-nous alors lui accorder, à ce revenant ? Après A l'Aube du sixième jour (2000), le récent Annihilation (2018), ou l'illustre le Monstre (1955) qui a dû inspirer plus ou moins consciemment moult réalisations, comme celle d'Intrusion (1999), on est en droit de douter de la personne qui va revenir à nos côtés, si elle passe le contrôle d'identité de Bal(l)ard sous une possible forme jumelle inséminée par du pollen alien. Sur un versant moins Quatrième Dimension, on peut se questionner sur l'être continuellement en pleine mutation. Asako, nouvelle «merveille» en compétition du cinéaste japonais Ryusuke Hamaguchi (si l'on se fie aux rumeurs Twitter et à l'article page II) raconte l'histoire d'une jeune femme qui retrouve son grand amour disparu deux ans plus tôt, tout du moins une âme à l'enveloppe corporelle identique. Au-delà d'une quelconque absence déterminée qui pourrait attirer le soupçon, nous pouvons continuellement nous raconter qu'une personne change à peu près à chaque seconde et qu'il n'est jamais possible de la retrouver telle qu'elle a été. Chaque pas entraîne un non-retour, chaque souffle un départ ; nous sommes de nature instable. Capt(ur)er des existences par les médiums filmiques ou photographiques donne ce pouvoir de rembobiner afin d'y trouver des strates de visages et de vies à l'identique, emprisonnées à l'intérieur d'une seconde. Alors si jamais nos collègues ont trop changé (et on ne dit rien ici d'un abus désormais notoire de tropézienne à toute heure), nous regarderons donc - ainsi - et nous ferons confiance - aussi - au moins aux images qu'ils auront gracieusement laissées derrière eux.
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