Un festival de cinéma est avant tout un festival d'adjectifs, on y produit à la pelle et sans arguments des avis hâtifs et arrêtés ; toute hésitation y est une faute, un blanc dans la conversation. Certains films, ne laissant pas place au doute, réconcilient pourtant le visiteur avec sa propre opinion fragile, sinon avec celle des autres. Ainsi El Motoarrebatador («l'Arracheur de sacs motorisé») de l'Argentin Agustin Toscano est à tout point de vue atroce : cynique, insincère, opportuniste, mauvais ; mal filmé, mal éclairé, mal écrit, mal joué ; apolitique, droitier, immoral, éhonté ; méprisant, aguicheur, malhonnête, formaté ; sinistre - il ne mérite pas un mot de plus.
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