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Libération

Pitié !

publié le 18 mai 2018 à 20h26

Ne vous étonnez pas de voir sortir des spectateurs les mains discrètement posées en coquille sur l'entrejambe en sortant des salles cannoises. Ils ne singent pas l'angoisse de l'arrière-gauche au moment du coup franc mais répondent au réflexe de tout homme face à l'image d'une lame, d'un pic ou d'une mâchoire de félin s'approchant trop dangereusement d'une bite. Car on en aura vu des bien bizarroïdes cette année, à croire que c'était l'un des critères secrets du choix des films, toutes sélections confondues (même si sur ce point la Quinzaine des réalisateurs a largement décroché le pompon). Lorsqu'ils ne castrent pas directement leurs personnages (les Confins du monde, Un couteau dans le cœur, Girl), les cinéastes infligent toutes les mutations possibles aux attributs des garçons, ne nous épargnant aucune fantaisie en matière de sculpture pénienne : phallus en forme de sabre (Mandy), popol monstrueusement boursouflé par une sangsue parasite (les Confins du monde), queue dorsale doublée d'une quéquette (Meurs, monstre, meurs), zguègue poussant soudainement à une femme troll (Border)… Même les prothèses sont débandantes : non content d'exhiber des plugs anaux de la taille d'une bouteille de Moët et Chandon (Sauvage), certains cachent des lames dans les sex-toys (Un couteau dans le cœur) en prenant à la lettre l'immortelle devise du président Frémaux : «Avec ma bite et mon couteau.» In gode we don't trust !