En vue de l’élection présidentielle de 2017, Pierre Carles et Philippe Lespinasse décident que, puisque tout est perdu pour la gauche, il faut soutenir celui qui est à leurs yeux le moins pire des candidats de droite : Jean Lassalle. Ils s’autoproclament conseillers de campagne en espérant façonner cet homme du peuple en leader anticapitaliste, rêvant d’en faire une sorte de version française de l’ancien président équatorien Rafael Correa. Oui, c’est n’importe quoi. Et cette inconséquence politique n’a même pas l’excuse d’être drôle, on est surtout gêné pour tout le monde. Car c’est l’existence même de ce pétard mouillé qui surprend, le fait d’avoir poussé ce canular condescendant jusqu’au bout, jusqu’à son ratage complet, en lui donnant la forme d’un film. Si Lassalle a encore des soutiens parmi les 1,21 % d’électeurs qui ont voté pour lui, ils pourront constater que même certains de ses conseillers se foutaient de sa gueule. Il en devient touchant, il faut bien le dire. Et si Pierre Carles a des admirateurs, ils pourront s’interroger sur l’impasse dans laquelle il se fourvoie avec cette pochade dont la pseudo-insolence politique ne révèle qu’une désillusion goguenarde. Dans le dossier de presse, l’un des deux réalisateurs fait référence à Mr Smith au Sénat de Capra : s’il fallait comparer ce bidule à un chef-d’œuvre, ce serait plutôt au Schpountz de Pagnol : l’histoire d’un idiot narcissique, comique malgré lui, encouragé dans ses rêves de gloire par de cyniques farceurs.
Critique
Jean Lassalle, Béarnais berné
Pierre Carles et Philippe Lespinasse s’autoproclament conseillers de campagne en espérant façonner Jean Lassalle du peuple en leader anticapitaliste. (Photo Jour2Fête)
par Marcos Uzal
publié le 22 janvier 2019 à 17h56
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