Exfiltrés d'Emmanuel Hamon
Ce premier film relate, d'après faits réels, une entreprise de sauvetage plus ou moins clandestine mise en œuvre en 2015 pour rapatrier une jeune Française et son fils depuis Raqqa, où celle-ci avait eu l'inconséquence de rallier Daech. Le réalisateur et un casting très appliqué s'emploient à retracer l'histoire, passionnante jusque dans ses invraisemblances, sur le mode d'un thriller plutôt bien huilé, mais l'affaire, sous cet angle, n'en pèche pas moins par manque d'incarnation (de ses figures comme de ses enjeux) et de perspective. J.G.
Sibel de Guillaume Giovanetti et Cagla Zencirci
Dans un village de montagne turc, Sibel est une jeune femme muette qui ne peut échanger que par le truchement de la langue sifflée, «dialecte» local. Sauvageonne, protégée de son père, le maire, elle passe du temps en forêt où elle piège par erreur un déserteur refusant de faire son service militaire. La figure de la rebelle au sein d'un système social verrouillé par le patriarcat charpente ce récit plein de bonnes intentions mais qui n'invente rien de stimulant en terme de mise en scène. D.P.
Maguy Marin : l'urgence d'agir de David Mambouch
David Mambouch est le fils de la chorégraphe Maguy Marin et a grandi dans les coulisses d'une pièce mythique dont il connaît toutes les sinuosités : May B, blockbuster créé en 1982. Et c'est sans doute le problème du documentaire qu'il réalise aujourd'hui sur sa mère : trop fasciné et ému par sa propre enfance pour construire autre chose qu'un hommage mièvre, il cadre les danseurs de trop près et tartine de voix off chevrotante une chorégraphie sublime qui, ici, semble presque sortie des gouffres du Puy-du-Fou. E.B.