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Libération

Vite vu

publié le 19 mars 2019 à 19h56

Cómprame un revólver de Julio Hernández Cordón

Cette fable dystopique regroupe à peu près tous les maux du Mexique contemporain : violence généralisée, puissance des narcotrafiquants, exploitation des enfants, féminicides.

Mais à force d'abstraction, Julio Hernández Cordón accouche surtout d'une théâtralité confuse, surjouant une bizarrerie que quarante ans de cinéma ont vidé de toute force subversive. Car il ne suffit pas d'imaginer un conte vaguement surréaliste dans un désert avec une fillette masquée (à l'insupportable ton de bébé, histoire de bien nous attendrir) et un enfant manchot pour être Buñuel, Herzog ou même Jodorowsky. Il manque quelques poules décapitées, deux ou trois nains et surtout une bonne dose d'imaginaire. Finalement, tant d'artifices, de trucs et de références nous renseignent sur les goûts du cinéaste bien plus que sur la réalité de son pays, comme il semble le revendiquer. M.U.

Sauvages de Dennis Berry

Contre l'aliénation sociale et le pouvoir en marche, rien de mieux que de filer au Portugal, d'écouter J'veux qu'on baise sur ma tombe de Saez, de s'épanouir dans un squat bien propret en laissant libre cours à son narcissisme le plus chromé au nom de l'art et de la liberté… Tout cela, bien sûr, en se laissant happer par une passion tumultueuse aux effluves emo-punk.

C'est ce que semble vouloir nous montrer Sauvages pendant une heure et demie, avec Nora et Léa qui, se prétendant parias, ont tout le loisir finalement de se regarder le nombril, en égrenant les clichés gênants sur les affres de l'amour et ses revers, à force de rimes de poésies et actes arty. Le tout est très étrangement cheap, malaisant - et chaque phrase que prononce Léa sonne comme une annonce comico-sépulcrale façon Gérard Saint Brice de la troupe des Farfadets de Limoges dans les Petites Annonces d'Elie Semoun.  J.Pi.