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Libération
Critique

«Dumbo» : oreilles, ô désespoir

Une libre adaptation outrancière et quasi sans magie par le foutraque fatigué Tim Burton.
CLOWNING AROUND -- In Tim Burton’s all-new, live-action reimagining of “Dumbo,” circus owner Max Medici (Danny DeVito) calls on former circus star Holt Farrier (Colin Farrell) to care for a newborn elephant whose oversized ears make him a laughingstock in an already struggling circus. Holt ultimately takes his task very seriously—even donning a clown suit to help the flying elephant as he emerges as a star. Daughter Milly (Nico Parker) just might be Dumbo’s biggest fan. “Dumbo” flies into theaters on March 29, 2019. Photo by Jay Maidment. © 2018 Disney Enterprises, Inc. All Rights Reserved. (2018 Disney Enterprises, Inc. )
publié le 26 mars 2019 à 18h36

Cela fait bien longtemps, malheureusement, que les intempéries de magie, les heureux artifices foutraques et tous les sourires tracés à l'aérographe ont arrêté de soutenir - voire de brandir au rang de splendeurs freak - les laissés-pour-compte du grimaçant monde de Tim Burton.

Glaçage

Bien loin d'un Bettlejuice (1988), de Mars Attacks ! (1996) ou de la sépulcrale et fantasque Gotham City avec ses heureux débris bastonnés par le dur en cuir Batman, voici Dumbo, forcé à piloter à l'aide de ses grandes oreilles au milieu des acrobates, funambules et autres créatures tartinées de glaçage numérique.

Holt Farrier (Colin Farrell) revient de guerre unibrassiste, retrouve ses deux enfants et la troupe de cirque de Max Medici, qu’il réintègre avec le devoir de s’occuper de l’éléphanteau volant séparé de sa maman. Quant à «l’empereur du divertissement» Mr. Vandevere (sous les traits de Michael Keaton ou plutôt Herbert Léonard avec un postiche Glenn Close) qui possède Dreamland, sorte de mégaparc d’attractions, il lorgne également la bête pour ses capacités hors du commun.

Eva Green dans «Dumbo». (Photo Jay Maidment. Disney Enterprises, Inc)

Savon

Aucune surprise à ce que le cinéaste américain, alchimiste de débauches visuelles nacrées, nous présente là un autre monde aseptisé. C’est un peu son meilleur atout, du pur spectacle, artificiel et léger. Mais de cette libre adaptation basée sur le livre pour enfants de la romancière Helen Aberson paru en 1939, il ne semble ne donner ni de corps ni d’ailes à personne. Il n’y en a pas un seul qui n’agite ses traits de visage à outrance pour exprimer sa colère ou sa joie (exception faite d’Eva Green, humble excentrique). Le panel de virtuosités colorées ne semble jamais adhérer aux corps de ces acteurs qui, pour se faire eux-mêmes attractions, en font trop, alors qu’il suffirait d’être simplement fier de ses défauts, afin d’exister.

Seule une très intrigante parade - façon Fantasia - d'éléphants-bulles fait régner la magie pendant quelques minutes. Du grand Burton évidemment, avec pas grand-chose, de l'eau, du savon, et un peu d'imagination.