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Libération
Critique

Vite vu : L’Insensible d’Ivan Tverdovsky

publié le 10 septembre 2019 à 18h36
Un adolescent vivant dans un orphelinat est atteint d’analgésie, une maladie qui le rend insensible à la douleur. Récupéré par sa mère, il participe avec elle à des arnaques juridiques en se jetant sous les roues de voitures pour faire chanter leurs conducteurs. Ce qui aurait pu être le départ crédible d’un bon film de super-(anti)-héros ne donne qu’un drame kitsch mêlant à l’envi corruption et inceste, un énième film russe faisant mine de parler de l’atroce et cruelle «nature humaine» (sous son éternel vieux masque, la société gangrenée par la corruption) pour rafler la mise du sensationnel et du moralisme.

L'Insensible porte bien son titre, glissant de l'analgésie à l'anesthésie, c'est-à-dire à l'esthétisme, qui reproduit en série des images choc dénuées de toute critique, bien décidées, à l'unisson du discours de l'extrême droite planétaire, à nous présenter la décadence générale comme notre seul destin : images tout droit sorties des clips de sécurité routière ou de ces vignettes gore aux couleurs désaturées, imprimées sur les paquets de cigarettes pour offrir à l'usager le spectacle de sa mort imminente.