Qui arrive aux Amandiers par le bout du parc André-Malraux (ce qui n'est pas anti-godardien) est accueilli par ces phrases de Hollis Frampton tirées du Livre d'image : «La seule chose qui survit à une époque, c'est la forme d'art qu'elle s'est créée. Aucune activité ne deviendra un art avant que son époque ne soit terminée.» Le dernier film de JLG, après sa présentation à Vidy-Lausanne, n'est donc peut-être pas pour rien projeté à nouveau sur une scène de théâtre, celle de Nanterre-Amandiers, au moyen d'un écran de télévision et d'enceintes déployant les multiples dimensions de sa bande sonore.
Un admirable parcours de films, conçu avec Nicole Brenez et Fabrice Aragno, le prolonge ou l’introduit, à travers les sous-sols et les coulisses, en mettant l’accent sur les démêlés critiques de Godard avec divers types d’institutions (théâtre et télévision donc, musée, entreprises, et le cinéma lui-même) ainsi que sur le travail, «avec lui» dans plusieurs sens du terme, de sa compagne, la cinéaste Anne-Marie Miéville, à qui doivent tant les multiples dernières périodes de son œuvre.