Dans les années 60, un urbaniste américain du nom de James W. Rouse rencontra Robert Moses, l'homme de fer aux manettes du grand chambardement qui a abouti au New York que l'on connaît aujourd'hui. Une entrevue qui laissa un goût amer à cet activiste originaire du Maryland, connu à Baltimore pour son engagement en faveur des populations les plus fragiles. Convaincu qu'une ville ne saurait rester vivante sans faire en sorte d'accueillir le plus grand nombre de la manière la plus équitable possible, Rouse alla jusqu'à qualifier Moses d'homme «le plus dangereux d'Amérique» - dont la philosophie raciste et ségrégationniste à l'œuvre dans son projet new-yorkais est depuis historiquement avérée.
Eu égard au fait qu'il est le petit-fils de James Rouse, et que le bad guy de Brooklyn Affairs, interprété par Alec Baldwin, est un évident décalque fictif de Moses, on a d'abord demandé à Edward Norton si son deuxième film en tant que réalisateur était une affaire de famille. Entre deux bouchées de pain au chocolat, l'Américain, pas très frais au lendemain d'une soirée arrosée avec Gilles Lellouche et Guillaume Canet, modère la piste autobiographique, sans la nier. «Mon grand-père était très opposé à la destruction de la gare de Penn Station, qui avait été décidée par Moses, et je me suis fait un plaisir de la reconstruire dans le film. Mais j'étais d'abord attiré par le personnage principal.» Concédons à Norton, acteur très technique et qui a souvent im