Menu
Libération
Critique

«Notre Dame», parvis perdu

Valérie Donzelli signe une comédie empilant maladroitement les idées et une satire politique trop attendue.
Valérie Donzelli et Samir Guesmi dans «Notre Dame». (Photo Ad Vitam)
publié le 17 décembre 2019 à 18h41

Maud Crayon, le personnage incarné par Valérie Donzelli dans Notre Dame, est sans cesse forcée de réajuster ce qu'elle ne contrôle pas, d'assumer ce qui lui tombe du ciel. Architecte, elle se retrouve par accident en charge d'un projet de réaménagement du parvis de Notre-Dame de Paris, qui devient objet de scandale suite à des transformations voulues par d'autres. Sa vie privée est également une suite de situations imposées et de rencontres hasardeuses avec lesquelles elle doit improviser.

Le film tente lui-même de se tenir en équilibre entre spontanéité et sophistication, mais échoue à force de volontarisme et de maladresses. Donzelli fait une confiance trop aveugle à son énergie : son personnage porte tout le film, sans que ce qui l’entoure semble vu autrement qu’à travers sa candeur et ses angoisses d’enfant gâtée. Non seulement sa fantaisie démonstrative trahit ici des artifices déjà usés - ludisme répétitif, infantilisme assumé, utilisation paresseuse des chansons -, mais en s’aventurant dans des considérations vaguement politiques, qui ne vont pas plus loin qu’une convenue et inoffensive satire des rapports entre architectes et politiciens, elle démontre également combien sa vision égocentrée n’est pas moins déconnectée que le petit monde qu’elle épingle.