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Libération
Critique

Wet Season d’Anthony Chen avec Yeo Yann Yann, Christopher Ming-Shun Lee… (1 h 43)

publié le 18 février 2020 à 18h46

Peinture attentive d'une réalité sociale singapourienne teintée de spleen, Wet Season s'attache au quotidien d'une prof de chinois déconsidérée dans son travail (l'anglais ayant supplanté les langues natives sous l'effet de la mondialisation dans la cité-Etat) comme au foyer. Elle y assume seule les soins d'un beau-père impotent et essuie stoïquement les marques d'indifférence de son mari entre deux traitements contre l'infertilité. Sur fond de moussons torrentielles, on la regardera nouer un lien équivoque avec l'un de ses étudiants, promu au rang d'enfant et de conjoint de substitution, sans que le film d'Anthony Chen (caméra d'or à Cannes en 2013 pour Ilo Ilo) ne parvienne à engendrer de désir pour cette relation interdite, tout à son trajet atone. Comme en écho au délié des sinogrammes dont les Singapouriens ont égaré la tradition, les attentions portées aux personnages frappent toutefois par leur pureté, et accueillent une jolie sémiologie des gestes qui disent le besoin d'être aimé et remarqué.