«Autant en emporte le vent est le produit de son époque et dépeint des préjugés racistes qui étaient communs dans la société américaine.» Un responsable de la plateforme HBO Max a ainsi justifié la décision de retirer temporairement le mégasuccès hollywoodien sorti en 1939 de son catalogue en attendant de le rediffuser avec un nouvel appareillage éditorial. L'intensité de l'émotion autour de la mort de George Floyd, la dimension nationale des mobilisations pour dénoncer le racisme systémique d'un pays polarisé par Donald Trump, voilà dans quel contexte la vieille fresque technicolor célébrant un âge d'or sudiste saturé de crinolines et de moustaches gominées, de sentimentalisme baveux et de pieux crépuscules sur des esclaves ravis de travailler avec amour une terre appartenant à leurs doux maîtres, a refait surface comme un fait contemporain et une plaie ouverte. Le gros mot de «censure» a tout de suite été dégainé, comme si le blockbuster en costume avec Vivien Leigh et Clark Gable, adapté du best-seller de Margaret Mitchell, tombait aux oubliettes alors même qu'il reste accessible à tous en DVD et Blu-ray et sur de nombreuses autres plateformes, et comme s'il ne souffrait pas depuis toujours du simplisme de son imagerie repeignant au chromo sudiste édulcoré la violence des rapports entre Blancs et Noirs dans les Etats confédérés.
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