Gravant Omar Sy dans la généalogie d’un patrimoine héroïque français, Lupin fait marcher Assane Diop dans les pas de l’Arsène de Maurice Leblanc. Il s’inscrit ainsi dans une vague de renouvellement des visages de la fiction populaire, à l’image du matricule de l’agent 007 promis à l’actrice noire Lashana Lynch dans le prochain James Bond. Netflix répond à la mise en crise des stéréotypes de représentation brillamment menée par la comédie Tout simplement noir - où Omar Sy faisait une apparition. Interrogé par Libé sur le fabuleux destin de Lupin, l’auteur du film, Jean-Pascal Zadi, s’en réjouit :
«Je trouve ça super de dépoussiérer ce personnage dans une forme à la sauce moderne. J’ai l’impression que sans l’apport de Netflix et surtout d’Omar, c’est un héros qui serait resté dans les tiroirs. Mais en fait, ça ne devrait même pas être un événement ! Je fais partie de ceux qui trouvent que c’est normal. C’est l’évolution de la France d’aujourd’hui, le sens naturel des choses : voilà, il se trouve qu’il y a quelqu’un qui reprend un personnage historique de la culture française, et il est noir, mais on s’en fout. C’est un Français, donc c’est son patrimoine à lui aussi. Etre français n’est pas une couleur.
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Surtout, ils voulaient une star, et ils ont pris Omar Sy parce que c’est exactement ce qu’il est - et un acteur super, avec un capital sympathie de ouf. Il faut dire que ça vient de Netflix, et je pense qu’aux Etats-Unis, malgré tous leurs problèmes psychologiques, pour ne pas dire psychiatriques, ils ont quand même pas mal d’avance en termes de fiction et de personnages. Prendre un Noir au casting n’est pas un sujet, ils prennent les meilleurs, ce qui va leur apporter le plus de succès. Et c’est Omar ! Je n’ai pas compris les gens qui disent que ça ne se fait pas, que c’est n’importe quoi, ils sont à côté de leurs pompes. C’est comme pour James Bond, c’est de la fiction et on fait ce qu’on veut avec. On met Bun Hay Mean [humoriste français derrière le personnage “Chinois Marrant”, ndlr] en Arsène Lupin si on veut, et alors ?»