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Vers une xénophobie d'Etat ?

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Olivier Le Cour Grandmaison, enseignant de sciences politiques, a codirigé le Retour des camps ? (Editions Autrement, 2007). Il dénonce l'avènement d'une xénophobie d'Etat. Extraits (l'intégralité du texte est sur Contrejournal.blogs.liberation.fr).
par Camille STROMBONI
publié le 6 mars 2008 à 2h35

Olivier Le Cour Grandmaison. «Il est tout à fait adéquat de parler de camp pour désigner les structures dans lesquelles sont aujourd'hui internés en masse des étrangers en situation irrégulière et destinés à être - selon la formule consacrée - renvoyés dans leur pays d'origine. Ce type de camp n'a bien sûr rien à voir avec les camps de concentration, où le propre de l'interné n'est pas seulement d'être privé de sa liberté, mais également d'être massivement exposé à des tortures et à une mort de masse permanente.

Aujourd'hui, des lieux très hétérogènes peuvent être effectivement transformés en camp, s'il est possible rapidement d'y parquer un nombre relativement important d'individus en exerçant sur eux un contrôle strict. Le point commun de tous ces lieux, c'est la technique répressive utilisée : l'internement administratif. Il s'agit de priver quelqu'un de sa liberté non sur la base d'un jugement prononcé par un tribunal, mais en vertu d'une décision prise par une autorité administrative.

Désormais, nous, et c'est un «nous» collectif, considérons comme normal le fait d'interner des étrangers en situation irrégulière, en oubliant complètement que lorsque cette technique a été utilisée dans l'Algérie coloniale, par exemple, les contemporains la considéraient comme un procédé extraordinaire au regard du droit commun. Elle se trouve désormais banalisée. A droite comme à gauche (pour ce qui est de la gauche parlementaire), l'enfermement des étrangers apparaît comme la solution adé