Nicolas Royal. «C'est le printemps. C'est sûr et certain. Aucun doute à ce sujet. Cette fois, ça y est, c'est enfin LA bonne : je suis sur le point de signer (peut-être) sous peu un pacte avec le diable et ses associés d'Etat ; de lui confier mon âme, ma voix, ma vie, mon avenir. sous contrat ! Au début, j'avoue que l'appellation "contrat d'avenir" ne me disait rien de bon, soit. Mais elle ne me foutait pas les chocottes pour autant. Je me suis donc rendu à ce rendez-vous bardé des meilleures intentions.
Tiens, c'est étonnant, malgré le sérieux des apparences, de ce moment toujours hors du temps qu'est un entretien d'embauche, ils ont l'air de jubiler intérieurement, ces gens, là, en face."C'est sans doute parce qu'ils ont obtenu une fréquence sur la bande FM et qu'ils arrivent enfin à monter leur propre radio aux gais accents zoukants. C'est que c'est une sacrée aventure, une sacrée prouesse, tout de même !" me souffle une petite voix trop familière appelée compromis. Lorsque la partie salaire est enfin abordée et qu'un chiffre est avancé : 780 euros net pour 26 heures d'antenne - plus une formation interne, ou externe, à ajouter "gratuitement" à ce nombre ! -, je me sens défaillir, mais tente de me raccrocher aux branches en demandant au moins 200 euros net de plus : faire des efforts, soit. Mais galvauder près de vingt années d'expérience radiophonique sur l'autel de la pauvreté laborieuse. non ! C'est alors à leur tour de manquer de défaillir, puis de donner dans l