Naomi Toth. «Dans les débats sur l'université, les systèmes étrangers sont souvent sollicités pour fournir modèles et exemples. Le cas de l'Australie a été invoqué par l'économiste Eric Maurin (Libération du 13 mai) pour soutenir l'idée d'une augmentation des frais de scolarité, avec l'instauration d'un système de remboursement différé de leurs études par les étudiants, tel qu'il est pratiqué là-bas depuis bientôt vingt ans. Le mérite du système australien serait de fournir plus de moyens aux universités.
En réalité, une fois réinstaurés des frais de scolarité importants (modiques auparavant) par le gouvernement travailliste en 1989, le désengagement de l'Etat en matière de financement des universités n'a cessé de s'accroître. Entre 1996 et 2007, période qui a connu une très forte augmentation du montant des frais de scolarité, la part de financement de l'Etat a diminué de 57% à 41% en moyenne. On observe la même tendance en Nouvelle-Zélande et en Angleterre, où des systèmes similaires ont été établis. Faire payer les étudiants n'est pas donc forcément un moyen d'augmenter les moyens matériels des universités. Il transfère le coût du financement de la société à l'individu, ce qui rend les cursus universitaires beaucoup plus chers pour les étudiants sans que leur qualité en soit pour autant nécessairement améliorée.
Selon Eric Maurin, les inégalités n'auraient pas été exacerbées après l'établissement des frais de scolarité. Pourtant, en Australie, les étudiants issus des