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Edvige : tous fichés !

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Le 29 août, un collectif d'associations et de syndicats a déposé devant le Conseil d'Etat un recours contre Edvige, le fichier créé début juillet par le ministère de l'Intérieur. La pétition à signer en ligne (Nonaedvige.ras.eu.org) a déjà recueilli 93 000 signatures. Sur le blog du Contre-Journal, Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l'homme (LDH), dénonce le dérapage sécuritaire.
par Karl LASKE et Laura ROLAND
publié le 3 septembre 2008 à 4h50

Jean-Pierre Dubois. «Il s'agit d'un pas de plus vers une société de surveillance généralisée. Edvige (Exploitation documentaire et valorisation de l'information générale) est un nouveau fichier qui s'inspire des caractéristiques de l'ancien fichier des Renseignements généraux, en les aggravant. Il est créé en même temps que la fusion entre les Renseignements généraux et la Direction de la surveillance du territoire (DST), au sein d'une même agence de renseignements, la Direction centrale de la sécurité publique. Son but est de recenser des personnes susceptibles de porter atteinte à l'ordre public, en dehors du cadre des procédures judiciaires et ce, pour des gens qui n'ont pas de casier. Mais ce fichage est censé inclure les responsables syndicaux, chefs d'entreprises ou personnalités politiques, qui n'ont aucun rapport avec la notion d'ordre public mise en avant (1). Les informations concerneront à la fois le domaine public comme l'appartenance politique, l'engagement associatif, l'appartenance religieuse mais aussi des données beaucoup plus personnelles, comme l'orientation sexuelle ou la situation familiale. Ce mélange des genres est extrêmement choquant puisqu'on confond les suspects aux yeux d'un policier et les représentants de la société civile.

La deuxième critique concerne le fichage de mineurs dès l'âge de 13 ans. Même si la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a affirmé que la majorité pénale était effective à cet âge-là, on sait qu'elle n'est prise en c