«Numérique», le mot passe par toutes les bouches, les articles sur le sujet abondent. A notre tour, nous nous immergeons au coeur de ce phénomène technologique qui traverse l'ensemble du corps du cinéma, à toutes les étapes de sa fabrication et de son fonctionnement. Libération passera en revue tous les jours pendant le Festival de Cannes les différents aspects de cette grande métamorphose du cinéma. Premier épisode pilote aujourd'hui sous la forme d'un tour d'horizon liminaire, entre état des lieux et prospectives.
Au commencement" Révolution, évolution, mutation, progrès formidable pour les uns, dangereuse régression pour les autres: l'arrivée de plus en plus massive des technologies numériques (caméra, montage, mixage, effets spéciaux, étalonnage") dans l'univers du cinéma aura en tout cas fait entrer ce dernier dans une zone de fortes turbulences où croisent, dans un vent d'excitation et de panique générales, stratégie marketing, enjeux esthétiques et politique professionnelle. L'année dernière, les déclarations tonitruantes de George Lucas (Star Wars), fustigeant l'inertie d'Hollywood et prophétisant à court terme une apocalypse du cinéma chimique traditionnel et une renaissance globale à l'ère numérique (tournage et diffusion), ont fait l'effet d'un électrochoc.
Il faut dire que pour les majors américaines, la possession des négatifs des films qu'elles produisent demeure l'objet concret de leurs investissements. Lucas, qui contrôle depuis San Francisco en indépendant mil