Isabelle Huppert a tout fait dans le cinéma français. On pourra bientôt la voir pour la première fois chez Patrice Chéreau (Gabrielle), et elle vient de finir un nouveau film avec Claude Chabrol.
«La photogénie, on n'en est pas vraiment responsable. C'est une chose qu'on a ou pas, un accident de la nature. On peut certes la rendre plus ou moins efficace, en fonction de ce qu'on comprend ou pas de la lumière. Mais c'est cependant une donnée absolue, liée à la peau, à la couleur de la peau, à l'agencement des traits du visage. Ce n'est pas d'une rareté totale, il faut relativiser : il y a beaucoup de gens photogéniques. Ce n'est évidemment pas pareil en photo et au cinéma. On peut être photogénique et moins cinégénique, l'inverse est moins vrai. Un visage au cinéma, ça n'est que de la lumière. Les actrices d'une certaine époque nous racontent ça : les visages de Marlène Dietrich ou de Marylin Monroe, ce sont des capteurs de lumière. Ce qui les rend inaltérables, c'est leur absence de contours. Elles ont l'imprécision d'un rêve.
«Un visage "s'envisage" comme un paysage avec des ombres des recoins, de la vie, du mystère de la clarté. C'est une sorte de pouvoir : on a un visage, on le regarde, il n'est rien, du moins pas grand-chose. A l'écran un visage a quinze fois sa taille. Il est doté d'une inhumaine humanité. Emmanuel Levinas dit : "L'expression que le visage introduit dans le monde ne défie pas la faiblesse de mes pouvoirs, mais mon pouvoir de pouvoir." J'avais rencontré u