Désorientée, les yeux plissés par le soudain excès de lumière, mal assurée avec son compteur de jauge autour du cou, ainsi se présentera mercredi la culture, extirpée de la boîte noire où elle a passé près de deux cents jours. Toute la culture ? Plus précisément les établissements culturels, salles de cinéma et de spectacles, musées, galeries et monuments, quelques courageux festivals sous régime drastique, en attendant, un jour, peut-être la réouverture des pistes de danse, fosses à pogo et clubs. Soit les lieux de rencontre, de brassage et de communion esthétique, dont l’extinction depuis le 30 octobre aura réduit le champ à des expériences solitaires, à demeure ou en ligne.
Des spectacles décongelés à la hâte
Dès mercredi, dans les salles de cinéma, entre les ressorties des films éclipsés à l’automne et les arrivages de nouveautés, une quarantaine de titres déboulent sur les écrans, en attendant les quelque 450 autres accumulés sur les étagères au fil d’une crise qui ne se sera interrompue que quelques mois entre juin et octobre 2020. Les théâtres, du moins ceux qui peuvent se permettre de fonctionner au tiers de leur jauge, avec couvre-feu à 21 heures, lèveront le rideau sur des spectacles parfois répétés il y a des lustres, mis au freezer et décongelés à la hâte ces derniers jours quand la majorité des interprètes et intervenants artistiques n’étaient pas décédés