Pee-Wee ! Pee-Wee ! Rien que le nom, composé comme une onomatopée expéditive, prononcé comme le couinement suraigu d'une souris de Walt Disney qui se serait prise la queue dans une charnière, Pee-Wee comme un dit pipi, Pee-Wee comme le cri de guerre d'un kangourou farceur, et hop ! Pee-Wee, c'est parti, on a déjà envie de connaître la suite. La suite c'est d'abord la vision pince-moi je rêve d'un costume extravagant : apparemment un ravissant complet veston en prince-de-Galles mais tellement trop petit, étriqué, moulant, raide et empesé (presque blessant) qu'on atteint là un des sommets de la contre-élégance. Et ce n'est pas tout, parce qu'au pied du costume s'agite une paire de mocassins en vernis blanc qu'on croirait raptés à un gigolo mexicain, tandis qu'au cou de la veste, à la limite de l'étranglement, s'envole un nœud papillon cramoisi. Un costume prince-de-Galles avec un nœud pap rouge, on est pas loin de l'historique précepte fernand-reynaudien : «Des boucles d'oreilles ? Avec une veste en tweed ?»
Et comme si ça ne suffisait pas, il faut qu'à l'intérieur de cette panoplie, comme glissé au chausse-pied dans une carapace, s'agite un corps lui aussi du genre insolite : trop grand, trop maigre, un peu voûté, des pieds qui accusent un 44 fillette évident, des mains comme des battoirs, un corps mou et blanc, un grand morceau de caoutchouc sans cesse électrocuté par des décharges excessives. Au sommet de cette hystérie, telle une apparition de mi-carême, un visage