«Je vais m'acheter un revolver et je reviens». Dit comme ça (sans qu'on sache encore si la menace présage un suicide ou si elle augure d'un massacre à la sulfateuse), qui plus est à la lumière surexposée d'un après-midi avignonnais où le cagnard lyophilise la moindre initiative musculaire, ça fait tout de suite bizarre. D'autant que l'auteur de ce verset satanique n'est pas exactement habillé comme un présentateur du Tapis vert : mini-short de foot, t-shirt blanc sans manches, tennis noires. Au physique (lunettes cerclées de fer, yeux bleus intenses, petite brosse blonde), la silhouette trompeuse d'un jeune touriste allemand réunifié, qui s'inquièterait de la YMCA la plus alternative. Sauf que pas du tout, si on fait attention à quelques détails intriguants : ce sont des rubans dorés qui servent de lacets aux tennis, et il y a écrit «DCA» sur le t-shirt.
Bref, si la vie était un vrai conte de fée, on dirait que c'est le Petit Prince juste après qu'il se soit enfin tapé son putain de mouton, ce qui, somme toute, fait un bien fou alors qu'à la moindre terrasse de café du Festival, chacun se vit comme un remake du Cid (bouché). Et tout ça réuni porte un nom : Philippe Decouflé. Et tout ça dirige une compagnie de danse (la DCA susdite) à qui Avignon 90 a confié les clefs du cloître des Carmes pour une création intitulée Triton.
Mais au fait, qu'est ce qu'un triton quand on y songe à la veillée en grillant sa patate sous la cendre ? Primo : le fi