Les «appelés» du service national ont droit aux égards du cinéaste
Raymond Depardon: il leur a consacré un documentaire intitulé Sida propos. Ce film de 26 minutes est projeté dans les casernes depuis le début de l'année, dans le cadre du Dispositif de prévention du sida, à l'initiative du ministère de la Défense. Depardon dit avoir eu carte blanche pour filmer des troufions «volontaires», désireux de s'exprimer sur la maladie. Et il paraît évident que Sida propos a pu, et su, échapper à toute forme de censure externe.
Ce que dit un appelé sur les rapports entre les jeunes et la religion devrait d'ailleurs réconforter l'évêque français Mgr Jacques Gaillot, révoqué vendredi dernier par le pape, pour avoir notamment préconisé l'usage des préservatifs comme moyen de lutte contre le sida. Le temps de son témoignage, le petit soldat tance vertement Jean Paul II, accusé d'avoir creusé un fossé gigantesque entre les jeunes et la religion, d'autant que «lui, il s'en fout, il fait pas l'amour avec les femmes». Grâce à Raymond Depardon, les jeunes garçons appelés actuellement sous les drapeaux entendront dire du mal de Jean Paul II avec la bénédiction de l'Armée. L'un dans l'autre, voilà une nouveauté saisissante.
Ils verront aussi quelques-uns de leurs camarades de régiment parler de tout et de rien, dire des choses mémorables et des énormités considérables. C'est la force intelligente de Sida propos: faire de la propagande (en faveur du préservatif) sans user du montage publicitaire.