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Libération

Variétés. Le label Tarantino

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publié le 19 janvier 1995 à 0h10

Le label Tarantino

- C'est parti. Aux Etats-Unis, on commence à parler dans la presse de la «Post-Tarantino Area» (l'«aire post-Tarantino»). Détenteur de la palme d'or du Festival de Cannes 1994 pour Pulp Fiction, titulaire d'un succès européen et américain impressionnant, donné comme l'un des favoris des oscars, le cinéaste le plus en vue de l'année passée est devenu un label. Labellisation comme on dit novélisation: une marque de fabrique qui garantirait l'origine ou la qualité d'un produit artistique. Dans les studios où se développent les scénarios de films «jeunes», il n'est pas fortuit que l'on donne pour indication de faire «genre Tarantino».

A ce rythme, le réalisateur de Reservoir Dogs devrait juridiquement protéger non seulement ses façons stylistiques, mais aussi l'utilisation de son patronyme (le Sunday Times ne qualifiait-il pas la semaine dernière Jean Baudrillard de «Tarantino de la philosophie»?). Le prochain qui filmera un casse foireux qui se termine dans un hangar ou/et un garage aura droit à son procès. Aujourd'hui, John Travolta n'est plus abordé dans la rue par les fans disco de Saturday Night Fever, mais adoubé par les voyous qui ont apprécié sa prestation de gunman dans Pulp Fiction (film par ailleurs ardemment défendu dans ces colonnes).

Du briquet Zippo aux fringues seventies superfly, Tarantino avait d'ailleurs prévu le coup en fétichisant et en labellisant l'intégralité de son univers. Un monde à vendre (la panoplie Pulp Fiction pour l'anniversaire