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Libération

Balasko à fond le gazon

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Film en plusieurs actes, sans faux suspense ni explication vaseuse, «Gazon maudit» de Josiane Balasko transforme l’époux en dindon d’une farce généreuse. Pour une comédie alerte à peu près irrésistible.
publié le 8 février 1995 à 1h21

L’un dans l’autre, il n’est pas exclu que Josiane Balasko ait fomenté Gazon maudit pour tourner la scène suivante: un homme en pleurs, humainement liquide, qui maudit les filles pour n’avoir pas su les écouter à temps (c’est Alain Chabat). Tel est le lot des baiseurs de bas étage. Un jour, à leur tour trompés, ces cavaleurs se font mal en tombant de l’entresol et personne ne veut plus les entendre couiner. Du point de vue de ce garçon banni, cocu comme il faut, voilà donc une banale histoire d’amour qui tourne au vinaigre du dédain. Mais pour peu qu’on change de perspective, Gazon maudit est bien plus intéressant que cette hypothèse: c’est une histoire de dédain qui se transforme en exceptionnelle affaire d’amour. Des années durant, l’homme a méprisé son épouse en la trompant par tous les bouts du Lubéron. Et il lui faudra l’irruption d’une lesbienne aimante dans le giron conjugal pour reconsidérer les sentiments qu’il porte à sa femme, soudain inestimables, puis la reconquérir.

On connaît le scénario. Du moins en partie, puisque Gazon maudit regorge de chausse-trappes et de dénouements à tiroirs qui lui épargnent ­ et nous avec ­ de se coltiner une histoire moralement comme les autres. Pas seulement parce que l’amant de sa femme est une femme, massive et paternelle, mais parce que la liaison de ces deux femmes relève infiniment moins de la vengeance ordinaire que du coup de foudre implacable. L’évidence même.

Marie-Jo (Josiane Balasko), l’invitée surprise