Des stars volent au secours de Broadway
Jerry Lewis, Glenn Close et un répertoire lifté tentent de relancer le music-hall américain.
New York, envoyé spécial «One Long Ball, That's What We Need!» Gesticulant devant leur écran de télévision, les hommes s'arrachent les cheveux en suivant la mauvaise prestation de leur équipe de base-ball favorite, les Senators dont le lanceur est incapable de réaliser «au moins une longue balle» avant d'être jetés dans leur fauteuil et à moitié violés par leurs épouses exaspérées.
Mais le diable en personne finira par s'intéresser au sort des Senators, régulièrement défaits par ces «fichus Yankees» («Damn Yankees», le titre d'un classique du music-hall américain), le diable incarné par Jerry Lewis, 69 ans tout rond et pour la première fois sur les planches de Broadway, un Jerry Lewis impérialement méphistophélique qui vient ainsi de faire son entrée sur la scène du Legitimate Theatre, terme employé il y a un cinquante ans pour opposer le «vrai théâtre» au cinéma et à ses succédanés.
Mi-mars, pour la première de ce Damn Yankees version fin de millénaire, la salle du légendaire Marquis Theatre était comble, et c'était l'Amérique blanche, l'Amérique des rêves perdus et de la gaieté tout de même, l'Amérique que le magazine en vogue New Republic vient d'appeler à un «nouveau nationalisme», qui se retrouvait face à elle-même. Salué par la critique, malgré un certain dédain des intellectuels branchés pour cet acteur qui, selon eux, est surtout apprécié