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Libération
Enquête

Grozny ne mobilise pas les intellos russes. Ils n'ont élevé qu'une faible voix face à l'intervention en Tchétchénie.

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publié le 10 avril 1995 à 4h17

Grozny ne mobilise pas les intellos russes

Ils n'ont élevé qu'une faible voix face à l'intervention en Tchétchénie.

Russie, envoyé spécial C'est un pays où l'on polémique en vers. En février dernier, le grand journal populaire russe Argoumenti i Fakti publiait une poésie déchirante d'Alla Doudaëeva, l'épouse du président de la Tchétchénie indépendantiste écrasée sous les bombes depuis maintenant plus de quatre mois, poétesse de profession et Russe d'origine, restée avec son mari pendant le terrible siège de la capitale tchétchène, Grozny, par les troupes de Boris Eltsine cet hiver. «La place du Kremlin est rouge du sang de nos enfants», écrivait-elle notamment. Dans ces mêmes colonnes, la mère d'une jeune infirmière russe tuée pendant les combats, vient de répondre à «ces vers qui méprisent toutes les règles poétiques» par un poème encore, dans lequel elle traite Alla Doudaëeva de «louve en fourrure de brebis». Et cependant les intellectuels, écrivains et artistes de Russie, n'ont élevé qu'une faible voix face à cette intervention militaire qui, malgré le quitus donné à Moscou par la communauté internationale, est en train de modifier profondément l'immense pays encore dans les spasmes du post-soviétisme.

Contrairement à ce qu'avait pronostiqué la majeure partie de la presse occidentale au début de ce conflit sanglant, il n'y a pas eu de véritable mobilisation de masse antiguerre en Russie, et encore moins de sanctions contre les officiels qui ont pris la responsabilité de déc