En 1990, au lendemain de la chute et de la mort du couple Ceausescu,
Silviu Purcarete montait à Craiova Ubu roi avec des scènes de Macbeth. Le spectacle commençait par la pièce de Jarry sur le gigantesque plateau du théâtre de cette ville (à quelques heures de train de Bucarest) où des subsides versés par des grosses entreprises avaient permis au théâtre et à sa nombreuse troupe de survivre dans les dernières années de règne du tyran des Carpates.
Devenu roi, Ubu entraînait la reine affublée d'un sac à main faisant irrésistiblement penser à Helena Ceausescu vers le hall du théâtre. Là, le couple royal assis sur des fauteuils boursouflés de prétention, assistait (tout comme nous) à une représentation de Macbeth où apparaissaient de grotesques sorcières.
Confondant vie et théâtre, le couple royal commençait à interpeller les personnages, tout finissait mal et l'on retournait dans le théâtre pour assister à la déchéance du couple Ubu face à une foule en liesse (une quarantaine d'acteurs). L'idée de mêler ces deux pièces était belle, le spectacle venait à point nommé, il fit le tour du monde (festival d'Edimbourg, des Amériques à Montréal, etc.), le voici en Avignon un peu tardivement.
Deux ans plus tard, le moins grotesque et plus meurtrier Titus Andronicus (à l'affiche également du festival) retrouvait Shakespeare, un auteur avec lequel Purcarete est très à l'aise (il débuta sa carrière en 1974 en montant Roméo et Juliette). Ces deux spectacles (lire Libération du 2/03/1992) et