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Libération
Critique

D’Angelo donne ses ailes à la soul

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Style de gouape et langue de gangster, son branché sur la rue. Avec son tube «Brown Sugar», le crooner Michael Archer, ce soir au Café de la Danse à Paris, est une star à 21 ans et à la gloire du Seigneur.

Publié le 12/09/1995 à 8h19

On a du mal à croire que Michael Archer est D’Angelo. Que ce type râblé un peu maladroit, ficelé à la va-vite dans un pantalon de toile et une chemise trop grande, est la jeune star dont le falsetto fait courir New York depuis le début de l’été. Au soir de son premier grand concert, celui qu’on présente comme le fils spirituel de Prince et de Stevie Wonder est resté coincé près d’une heure avec quelques centaines de spectateurs sans ticket à la porte du Supper Club de Manhattan. Les gros bras du service d’ordre, débordés par la foule surexcitée et peu impressionnés par l’allure ordinaire du jeune homme et ses airs de petite frappe à la Mike Tyson, refusaient d’écouter son histoire. D’Angelo a fini par se frayer un chemin jusqu’à la scène et par jouer sans épate, assis droit au piano, pour un parterre de choix (Scorcese, Prince, De Niro, John Singleton...).

Quelques semaines plus tard, à la fin du mois d’août, le bouche à oreille marchait toujours et D’Angelo remettait ça dans un club bourré à craquer. Le public déchaîné chantait plus fort que lui et la jeune gloire timide ouvrait des yeux comme des soucoupes. Si son orchestre n’attaquait pas bille en tête sur le thème mégalo de Shaft («Who’s that private dick who’s a sex machine to all the chicks?») pour annoncer son entrée sur scène, on pourrait penser que D’Angelo a gardé la tête sur les épaules, qu’il ne s’est pas laissé griser par certains critiques du pays qui voient en lui le «sauveur» de la «soul».

Michae